Voulez-vous Danser ?
« Rejoignez l’auteure dans sa bulle de mots, de sentiments exacerbés, d'émotion à fleur de peau, de joie de vivre conjuguée à tous les temps : hier, aujourd'hui et demain ? Pourquoi attendre demain pour être heureux ?
En ces temps troublés, de doutes et d’inquiétudes, l’auteure a voulu vous raconter le destin de 19 femmes que rien n’arrête. Pour le Bonheur de l’Autre, des Autres. Aimer et être aimée. Leur hardiesse, leur témérité, leur sensibilité, leur audace, leur courage bousculent tous les codes du politiquement correct.
L’auteure remercie Francis Ponsonnaille qui a lu le recueil et l’a vivement encouragée à l’éditer. L'avis du lecteur est le moteur de l'auteur.
Merci de réserver le meilleur accueil à ces femmes qui vous transporteront dans leur monde où le rêve devient réalité.
Extrait d’une nouvelle :
4 – Jeanne d’Arc
- Sans un bruit, Jeanne monte l’escalier raide qui la conduit inexorablement à son pigeonnier. Elle s’empare de la petite barre de fer pour soulever le volet transparent du hublot et la bloque méthodiquement de ses doigts perclus de rhumatismes. Une odeur d’herbe brûlée s’engouffre dans l’habitacle lui chatouillant les narines en cette heure matinale. « Tiens, il y a de l’écobuage dans l’air, pense-t-elle » !
Le ciel est clair, d’un blanc lacté. Quelques cumulus, par-ci par-là, annoncent une journée chaude. La lune ne s’est pas encore totalement évaporée. Une brise légère balaye l’air ; au sol une marée colorée ondule sous sa caresse, libérant son parfum toutes odeurs confondues.
Dans ce petit matin calme, la vie semble lui appartenir. Comme une chatte allongée sous les rayons du soleil, elle ronronne de plaisir. Ses yeux clignotent. Elle renifle pour se contenir !
Jeanne s’est installée dans sa tour d’ivoire, isolée du monde. Elle l’a créée de toutes pièces, comme un jeu de Monopoly, jour après jour, depuis le jour fatidique. Depuis qu’un accident de la vie l’a laissée seule avec son désespoir.
Elle a d’abord installé un bureau, quelques papiers, stylos, crayons, gommes et bloc-notes. À l’ancienne, comme lorsqu’elle tenait son journal, petite fille, ses compagnons de toujours ayant le pouvoir magique de la supporter sans l’insupporter, de l’écouter sans la contredire, de s’écraser sur le papier sans gémir.
Un jour, un magazine « News Windows » fut déposé dans sa boîte aux lettres gratuitement. Un article « Votre ordinateur, une fenêtre sur le monde » comportant moult détails encourageants sur une page entière. La concurrence faisait rage. Les uns offrant un logiciel, les autres un sac, d’autres une mise en route gratuite. C’était la rentrée scolaire et il s’y disait même que tout étudiant pouvait en disposer à raison de un euro par jour. Alors pourquoi pas elle ?
Alors elle a plongé sans réfléchir. Elle a sauté dans la mare aux canards des mots bizarres. Elle est allée à la pêche des souris, clavier, pomme, raccourcis, sauvegardes, mails. Elle s’est familiarisée avec le traitement de texte Word. Sa petite chaise de cuisine s’avéra tout de suite inopérante et bien fatigante. Elle se fit livrer un beau fauteuil à roulettes. Cela lui donnait de l’importance parce qu’il ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui des présentateurs de la télévision. Calée sur son trône qui monte et descend à loisir pour se retrouver juste à la bonne hauteur face à l’écran, Jeanne les mains jointes, les yeux mi-clos rêvasse.
Qui va lui envoyer un message aujourd’hui ? Elle attend plusieurs réponses à ses bouteilles jetées à la mer. Là ça va plus vite. Parfois en temps réel, quelques secondes après l’envoi d’un message, elle reçoit la réponse. Immédiatement. Mais comment est-ce possible ? Elle est intriguée, dubitative. Il lui semble parfois apercevoir le visage de l’autre se refléter sur l’écran. Lui sourire ou lui parler. Elle répond aussitôt pour voir si l’autre est encore là. Balle au centre, Balle de match, Roland Garros par écrans interposés.
Bien sûr elle ne va pas remonter au temps des diligences, ni des locomotives à vapeur. Bien sûr elle a apprécié la machine à laver, les fers à repasser vapeur, les aspirateurs qui vont tout seuls dans tous les coins, les facteurs en scooters, les avions qui vont d’un bout de la terre à l’autre en quelques heures. Mais l’ordinateur et Internet restent une énigme pour elle. Comment tout savoir sur tout en quelques secondes, non il faut dire en quelques clics ?
Jeanne ne se décide pas à cliquer. Pas encore. Les coudes sur le bureau, les mains jointes sous l’ovale animé de son visage, la respiration courte, les yeux brillants, elle attend. Comme on attend impatiemment son bus pour aller rejoindre son destin, sautillant sur un pied puis sur l’autre, regardant l’heure à sa montre qui avance à pas de loup et enfin soupirant d’aise lorsque l’engin ferrailleux montre l’avant de son anatomie…